L’évolution du monde de l’automobile nous mène de plus en plus vers les véhicules électriques. Les constructeurs proposent de plus en plus de modèles, et même des gammes désormais 100% électriques pour certains. Je ne savais trop quoi penser de cet engouement pour l’électrique, surtout quand le parc de bornes est encore en évolution, autant pour la fiabilité que pour le nombre de bornes disponibles.
Mais, nous avons tout de même souhaiter nous essayer à un périple de 1500 kilomètres avec un véhicule électrique, afin d’être confrontés aux vécus des usagés de véhicules électriques. Et, quitte à nous essayer à un trajet en électrique, autant le faire avec une des meilleures voitures du marché. Nous avions déjà essayer un véhicule de la marque Lotus, le Lotus Eletre (que l’on prononce d’ailleurs Eletra). Nous étions déjà conquis par ce véhicule différent, autant par son allure et son aérodynamisme, que par la vie à son bord. C’est donc avec grand plaisir que nous partons à l’aventure avec la berline de la marque, la Emeya R.
Nous prenons donc la route avec la Lotus Emeya, dans sa version la plus puissante, la version R. Lotus propose trois version pour cette Emeya : la Lotus Emeya (612ch), Lotus Emeya S (612ch) et la Lotus Emeya R (918ch).
Lotus Emeya R : l’électrique qui ne passe pas inaperçue
Difficile de rester discret au volant, ou même en tant que passager, de cette Lotus Emeya R. Sa teinte jaune éclatante tranche radicalement avec le ciel gris et la pluie battante qui accompagne notre premier trajet. Et pourtant, c’est précisément dans ce décor humide que la berline capte tous les regards. Entre deux coups d’essuie-glace, les automobilistes ralentissent, curieux, presque admiratifs, face aux lignes affûtées de cette silhouette futuriste. Même moi, confortablement installé sur le siège passager, je me surprends à la contempler longuement, comme une œuvre d’art roulante.
Premier arrêt. L’occasion de faire le tour du propriétaire. L’Emeya R, dans cette configuration, met en valeur tout le potentiel de personnalisation offert par Lotus. La couleur “Jaune Solar” est ici en livrée de série, mais elle n’est qu’un début : le catalogue regorge de teintes toutes plus séduisantes les unes que les autres. Petit coup de cœur personnel pour la “Orange Fireglow”, un orange profond constellé de paillettes qui capte chaque rayon de lumière pour illuminer la carrosserie.
Le pack carbone extérieur, quant à lui, renforce la sportivité de cette berline pourtant familiale sur le papier. Jantes noires, freins en carbone-céramique surdimensionnés avec étriers 10 pistons (option à 9 020 €), rétroviseurs et caméras tout en carbone, toit en carbone (5 200 € l’option)… L’ensemble est racé, presque agressif. Ce pack carbone extérieur complet coûte près de 6 890 €, mais il transforme réellement l’allure du véhicule.
Question design, Lotus frappe fort. L’Emeya R semble tout droit sortie d’un film de science-fiction : angles marqués, surfaces sculptées, regard acéré… Le style suscite l’étonnement, voire l’interrogation. Il faut dire que même les gendarmes n’ont pas résisté à l’envie de nous arrêter, deux fois, simplement pour en apprendre davantage sur ce vaisseau électrique.
Mais derrière cette esthétique assumée, il y a du fond. Lotus n’a rien laissé au hasard. Chaque ligne, chaque angle, chaque appendice aérodynamique a été pensé pour améliorer l’efficacité : la pénétration dans l’air est optimisée, au bénéfice de l’autonomie. Comme sur le Lotus Eletre, le design est au service de la performance. Un héritage direct de la course automobile, qui continue de guider la philosophie de la marque.
L’ADN Lotus sous stéroïdes électriques
La Lotus Emeya R représente le sommet de la gamme, avec une puissance hallucinante de 675 kW, soit l’équivalent de 918 chevaux, et un couple impressionnant de 975 Nm. Des chiffres qui la placent sans complexe dans la cour des grandes sportives électriques, capables de faire pâlir certaines icônes thermiques. Le 0 à 100 km/h est expédié en seulement 2,8 secondes, une démonstration de force pure, parfaitement canalisée par un châssis au pedigree typiquement Lotus.
Malgré ses 2,5 tonnes sur la balance, l’Emeya R étonne par son équilibre. La répartition de la puissance sur les quatre roues motrices est millimétrée, en grande partie grâce à sa transmission automatique à deux rapports, héritée de la technologie Taycan. Le ressenti est maîtrisé, rassurant, presque instinctif, une prouesse dans une berline de ce gabarit.
Dès la première accélération, par exemple en sortie de péage en mode “Sport”, la poussée est immédiate, franche, et l’on ressent très nettement l’intervention du train arrière. La voiture semble littéralement se tendre sous l’effet du couple, comme prête à bondir. C’est brut, viscéral, et pourtant jamais incontrôlable.
Sur les petites routes sinueuses de montagne, la surprise est totale : la Lotus Emeya R se montre agile, presque féline, loin des stéréotypes habituels liés aux grandes berlines électriques. Il faut toutefois apprivoiser son gabarit imposant, 5,14 mètres de long pour 2 mètres de large, qui n’est pas sans rappeler que l’on a affaire à une véritable GT.
Enfin, le freinage participe pleinement à cette expérience sportive. Puissant, mordant, parfois même un peu trop pour une utilisation urbaine quotidienne, il s’avère redoutablement efficace lors de phases de conduite dynamique. On sent immédiatement que la voiture est pensée pour les passionnés, ceux qui recherchent autant la performance que les sensations.
On dit souvent que l’électrique ne procure aucune sensation. Lotus me fait démentir ces dires. J’ai rarement pris autant de plaisir à rouler sur de petites routes sinueuses, surtout avec une berline de cette envergure.
Roadtrip sans angoisse : la Lotus Emeya R en terrain conquis
Aborder un roadtrip de 1 500 kilomètres en voiture électrique aurait pu ressembler à un pari risqué, surtout sans véritable expérience préalable de long trajet en 100 % électrique. Pourtant, la Lotus Emeya R a rapidement balayé mes doutes dès la première recharge, effectuée sur une borne 150 kW. Le système de gestion énergétique intelligent et la vitesse de charge impressionnante ont tout de suite donné le ton : ce voyage serait fluide.
Si un reproche devait être fait, il ne concernerait pas la voiture mais plutôt l’infrastructure : le réseau de recharge sur les aires d’autoroute progresse, certes, mais reste encore sous-dimensionné face à l’essor du parc électrique. Les files d’attente, même rares, peuvent encore faire tiquer.
Durant mon itinéraire de plus de 500 kilomètres pour la première étape, trois recharges ont été nécessaires. La première, d’environ 35 à 40 minutes, a coïncidé avec la pause déjeuner. La seconde, plus rapide, a duré environ 16 minutes et a suffi pour atteindre notre destination. Enfin, un troisième arrêt, purement stratégique, a été réalisé pour repartir avec 100 % de batterie au lieu de 60 %, et celui-ci n’a allongé notre planning que de 8 minutes. Une efficacité rendue possible grâce aux bornes ultra-rapides de 300 kW, qui exploitent pleinement l’architecture 800V de l’Emeya. Notez que l’Emeya a en plus, il y a de ça quelques jours, battu un record en acceptant une recharge dépassant les 400kW. Du jamais vu sur un véhicule électrique !
Côté autonomie, la promesse est tenue. En mode “Range”, à vitesse régulée et sans solliciter les assistances superflues, l’Emeya R flirte sans peine avec les 420 à 430 kilomètres réels. Bien entendu, si l’on cède à la tentation du mode “Sport” à chaque insertion sur l’autoroute, la jauge fondra nettement plus vite. Mais qu’importe, tant les arrêts sont courts et la conduite grisante. Finalement, pourquoi se priver ?
L’art du voyage selon Lotus : luxe, calme et innovation
Dès l’ouverture de la portière, l’effet est immédiat. Un seul mot vient à l’esprit : “Woaw”. L’intérieur de la Lotus Emeya R impressionne par son sens du détail et la qualité irréprochable de ses matériaux. L’alcantara s’invite sur une grande partie des surfaces, subtilement accompagné de cuir, de surpiqûres contrastées et d’éléments au toucher flatteur. Déjà entrevue sur le SUV Eletre, cette signature intérieure se retrouve ici sublimée dans une atmosphère plus sportive et basse.
L’assise au volant évoque plus une cabine de cockpit qu’un simple poste de conduite. L’ergonomie a été pensée pour séduire les amateurs de technologie : deux écrans latéraux remplacent les rétroviseurs, un minuscule écran central fait office de combiné d’instrumentation, tandis qu’un large écran tactile de 15,1 pouces trône au centre. Le passager avant a même droit à son propre affichage. Et pourtant, malgré cette débauche de technologie, l’ensemble reste discret et raffiné : seuls les écrans essentiels captent l’attention, le reste s’intègre élégamment dans un design minimaliste.
Le système audio KEF, développé en partenariat avec Dolby Atmos, est une révélation. L’immersion sonore est telle qu’on se croirait dans une salle de concert privée. Chaque note, chaque vibration, chaque souffle est restitué avec une précision remarquable.
À l’arrière, la même exigence de confort se poursuit. Finitions identiques, acoustique soignée, mais aussi sièges chauffants, ventilés et massants : les passagers sont littéralement enveloppés dans un cocon premium. Même sur les longues distances, le bien-être à bord reste impérial.
Parcourir de longues distances à bord de la Lotus Emeya n’a rien d’une épreuve, c’est même tout l’inverse. Ce grand périple s’est révélé être une parenthèse confortable et fluide, autant pour le conducteur que pour les passagers. À aucun moment nous n’avons ressenti la moindre fatigue liée à l’ergonomie ou à l’aménagement de l’habitacle.
L’espace aux jambes à l’arrière est généreux, y compris pour les grands gabarits, et l’abondance de rangements bien pensés renforce le sentiment de praticité au quotidien. Quant au coffre, il s’avère tout simplement colossal : chacun a pu emporter largement plus que nécessaire, sans jamais sacrifier la visibilité ou le confort intérieur.
Lotus va même plus loin en proposant, en option, une configuration à quatre places avec deux sièges arrière individuels. Un aménagement qui transforme littéralement la banquette en salon roulant. Accoudoirs dédiés, console centrale suréquipée et ambiance premium : vos passagers arrière seront traités comme en business class… voire en première.
Lotus Emeya R : Une Sérieuse Concurrente de la Porsche Taycan et de l’Audi E-Tron GT
Le marché automobile poursuit sa transition vers l’électrique, et Lotus s’inscrit pleinement dans cette dynamique en proposant une majorité des modèles de leur gamme en 100% électrique. Seul un modèle est disponible à ce jour avec un moteur thermique, la Lotus Emira. Pourtant, la marque reste encore discrète face aux géants du segment premium.
Face à une concurrence bien établie, comme l’Audi E-Tron GT ou la Porsche Taycan, Lotus entre dans la danse avec l’Emeya, une berline électrique aux finitions haut de gamme, richement équipée et aux performances redoutables. Avec ce modèle, la marque britannique vient clairement bousculer l’ordre établi. La concurrence est prévenue.
Côté tarif, la Lotus Emeya R s’en sort remarquablement bien face à la concurrence. À titre de comparaison, une Porsche Taycan Turbo affiche un prix de départ autour de 181 000 €, nettement supérieur à celui de l’Emeya R, proposée dès 147 990 €. Un écart significatif, surtout au regard des performances et équipements offerts par la Lotus. Je ne comprends pas pourquoi ne nous voyons pas plus de véhicules de la gamme Lotus sur nos routes.
Essai Lotus Emeya R : Le Coup de Cœur Électrique Inattendu
Si je devais résumer mon essai de la Lotus Emeya R en quelques mots, ce serait sans hésiter : luxueuse, performante, séduisante et inégalable. Des qualificatifs forts, certes, mais qui reflètent fidèlement le caractère de cette berline électrique hors du commun.
Ce roadtrip de plus de 1 500 kilomètres, que je redoutais un peu au départ, s’est transformé en une expérience exaltante. Et je le referais sans hésiter à condition, bien sûr, d’être au volant d’un véhicule aussi abouti que cette Emeya R. Sa capacité de recharge ultra-rapide change complètement la donne sur les longs trajets. Quant au confort à bord, il frôle l’excellence. On s’y sent bien. Très bien. Tellement bien qu’on finit par ne plus vouloir en descendre.
Pour être tout à fait honnête, je n’avais aucune envie de rendre cette Lotus. Elle incarne parfaitement ce que j’attends d’une voiture : du caractère, du style, des sensations. J’ai même tenté de négocier un prêt longue durée… sans succès (merci quand même Ronan !).
En conclusion, je ne peux que vous recommander d’essayer par vous-même un modèle de la gamme Lotus avant de faire votre choix définitif. Si vous hésitez entre Audi, BMW ou Porsche, sachez que Lotus n’a rien à leur envier, ni en matière de technologies, ni en termes de prestations ou de plaisir de conduite. Vous pourrez également y découvrir de belles concessions, premium, avec un service de qualité et un personnel au petit soin pour leurs clients.
Pour ma part, le choix est désormais clair : je veux une voiture électrique qui me fait vibrer. Et Lotus a réussi là où d’autres ne font que promettre.